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    Roseline Davido : découvrir son enfant par ses dessins

    La découverte de votre enfant par le dessin : c’est avec ce titre que Roseline Davido, docteur en psychologie clinique et psychanalyse, s’est fait connaître en 1971, lors de la parution de la première édition de son livre. Considérée comme l’une des spécialistes du dessin d’enfant, nous avons eu grand plaisir à la rencontrer et à lui poser quelques questions…

    Tous les enfants du monde dessinent-ils ?
    Oui, tous les enfants du monde « dessinent ». Qu’ils soient d’Europe, d’Asie ou d’Amérique, à partir du moment où un enfant a un crayon en main, il dessine, et tous passent par les mêmes étapes ! Si vous donnez du dentifrice ou de la purée à un enfant de moins d’un an, il fera des taches… ce sont ses premiers dessins !

    Pourquoi les enfants dessinent-ils ?
    Dessiner, pour l’enfant, est d’abord un moyen de parler de lui, car le dessin est avant tout une représentation de soi, et ce quel que soit l’âge de l’enfant. Les taches du début, les gribouillis, c’est lui-même que l’enfant représente. Enfin… la perception qu’il a de lui-même ! Ce faisant, il s’exprime d’une manière « inconsciente » et nous ouvre ainsi son univers personnel, son moi profond, ses états d’âme, sans calculer. Il a confiance et ne se doute pas que l’on puisse interpréter ses dessins, qui peuvent aussi avoir un rôle cathartique et lui permettre d’exprimer des situations conflictuelles qu’il a du mal à partager par le langage.

    À partir de quel âge prennent-ils plaisir à tenir un crayon ?
    Dès que l’enfant peut tenir un crayon avec ses petits doigts, même maladroitement, vers 12 mois. Ce sont les adultes qui confient à l’enfant un support, une feuille de papier, un tableau, pour que l’enfant se sente bien et ait envie de montrer « ses beaux » dessins… Mais l’on peut aussi dessiner sur le sable, les murs des cavernes (qui a dit que les empreintes et les peintures de la grotte de Lascaux n’étaient pas aussi l’œuvre d’enfants ?). Même le « gribouillis » le plus malhabile est une création pour l’enfant, qui est fier de découvrir qu’il laisse une trace.

    Faut-il les inciter à dessiner ?
    Oui, il faut donner à l’enfant l’occasion de s’exprimer par le dessin, sans jamais l’y obliger bien sûr, et en le respectant : c’est-à-dire en ne cherchant pas à interpréter ses dessins… Je m’explique : si votre enfant se dessine avec des cheveux blonds alors qu’il est brun, s’il fait l’herbe rose, une maison ronde, un ciel en bas… peu importe ! Surtout ne lui faites pas de remarques sur ces prises de liberté avec la réalité, n’essayez pas de le faire rentrer dans un moule, ne brisez pas ses élans de créativité par des jugements idiots et inappropriés. Et laissez aux personnes compétentes le soin d’interpréter ses dessins, si nécessaire.

    Quelles sont les grandes étapes des premiers dessins ?
    Le dessin de l’enfant évolue au fur et à mesure de son développement, et cela indépendamment de ses capacités artistiques (un dessin peut être exécuté de manière malhabile, sans être pour autant un signe de débilité !). À chaque âge correspond un type spécifique : jusqu’à 12 mois, l’enfant fait des taches. Vers 1 an, il traverse le stade du « gribouillis », où il prend plaisir à tracer des traits dans tous les sens, sans lever son crayon. Puis, entre 2 et 3 ans, c’est le stade du « réalisme manqué » : l’enfant dessine des boucles fermées dans le but d’imiter l’écriture des adultes. Ce sens de la précision va se développer et s’illustrer lors du stade suivant : celui du fameux « bonhomme têtard ». Vers 3 ans, ce bonhomme universel, commun à tous les enfants du monde de 3 à 5 ans, est figuré par un rond, qui représente à la fois la tête et le tronc, auquel sont attachés deux bâtons, les jambes, et souvent deux autres, les bras. Ensuite, plus l’enfant grandit, plus le bonhomme est agrémenté de détails : le rond se scinde en 2 pour représenter la tête et le corps, et apparaissent les yeux, la bouche, le nombril, le cou, etc.

    Le bonhomme, la maison, les animaux ont-ils une symbolique ?
    Que ce soit la maison ou le bonhomme, l’enfant nous livre son être au monde, c’est-à-dire la façon dont il se ressent lui-même et dont il perçoit son entourage.

    Depuis quand les psychologues étudient-ils les dessins d’enfants ?
    La première étude de dessins d’enfants remonte à 1913. C’est la thèse de Georges-Henri Luquet (philosophe français, normalien, élève de Bergson) sur l’étude de 1 700 (!) dessins de sa fille Simone, recueillis pendant 10 ans. Depuis, l’intérêt pour les dessins n’a cessé de s’amplifier, et aujourd’hui on les utilise dans de nombreux domaines : comme test de niveau mental, comme moyen de communication, d’exploration de l’affectivité de l’enfant, d’étude de la connaissance que l’enfant a de son corps et de sa situation dans l’espace… Mais il faut savoir que l’interprétation est très délicate : les dessins sont très liés à l’affectivité de l’enfant ; il faut donc faire attention au contexte général et il est important de ne pas juger sur un seul dessin, mais de toujours étudier une série de dessins.

    Peut-on relier la qualité des dessins à l’intelligence de l’enfant ?
    Non, ce n’est pas si simple. Laissez-moi vous donner un exemple : il existe un test du bonhomme, développé en 1926 par Florence Goodenough. Ce test s’adresse à des enfants de 6 à 13 ans et cote la présence d’éléments comme les yeux, la bouche, le cou, etc., car on sait que ces éléments apparaissent au cours du développement de l’enfant. Or, un enfant battu, par exemple, pourra omettre les mains du bonhomme, alors qu’intellectuellement il est très intelligent. Mais, pour lui, ce sera une manière d’effacer son problème : des mains qui tapent.

    Quelle attitude adopter face aux dessins de ses enfants ?
    Surtout, aucun jugement, vous l’aurez compris ! Mais montrer son enthousiasme, son plaisir à en recevoir, en les affichant, en les collectionnant… En revanche, ce qui peut être intéressant, c’est d’engager un dialogue avec son enfant en lui demandant d’expliquer ce qu’il a dessiné : qui est tel personnage, quel est cet objet… Pour mieux comprendre, et pour rentrer dans l’histoire qu’il a voulu raconter, mais sans en tirer de conclusions hâtives. D’autant plus que, pour l’enfant, c’est un moyen de communiquer et de capter l’attention de ceux qui lui sont chers. Évitez surtout de « pédopsychologiser » votre enfant… Enfin, ne vous inquiétez pas si le vôtre n’aime pas particulièrement dessiner mais qu’il préfère s’exprimer autrement.

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